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Une vie sans la mort?

Sœur Gratia Potvin a décroché son diplôme de maîtrise en théologie... à  92 ans! Aujourd'hui âgée de 98 ans, elle réside au couvent des sœurs de Notre-Dame-du-Bon-Conseil, à Chicoutimi, où elle continue d'enseigner le violon.
Sœur Gratia Potvin a décroché son diplôme de maîtrise en théologie... à 92 ans! Aujourd'hui âgée de 98 ans, elle réside au couvent des sœurs de Notre-Dame-du-Bon-Conseil, à Chicoutimi, où elle continue d'enseigner le violon.

François-Nicolas Pelletier

«Devant moi, il y a l'entière liberté de la vie, je me sens comme si j'avais 20 ans.»

Ces paroles ne viennent pas d'une rescapée de la crise de la quaran­taine, mais de sœur Gratia Potvin, qui a célébré ses 98 ans cet été, à Chicoutimi. Et si on lui en offrait 98 autres, elle les prendrait sans hésiter, parce que sa vie s'est déroulée «dans la joie, sans peur et sans reproche».

À l'approche de ses «premiers 100 ans», sœur Gratia Potvin est une femme bien de son temps : depuis 1931, l'espérance de vie des femmes  ca­nadiennes a augmenté de plus de 20 ans, passant ainsi de 62 à 83 ans. Pour les hommes, la longévité projetée est maintenant de 78 ans, alors qu'elle était autrefois de 60 ans. Et si la tendance se maintient, le Canada devrait compter 14 000 centenaires en 2031 : c'est trois fois plus qu'aujourd'hui.

C'est bien connu : les conditions sociales agissent sur notre espérance de vie. Une meilleure hygiène, une alimen­tation plus variée et les progrès fulgurants de la médecine contribuent toujours à augmenter nos chances de vivre plus longtemps. Et comme en témoigne sœur Gratia Potvin, notre hérédité, nos habitudes et notre philosophie de vie influencent aussi notre longévité.

Malgré tout, le vieillissement, cette loi de la nature «vieille comme le monde», n'a révélé jusqu'ici que bien peu de choses sur ses mécanismes physiques et biolo­giques. Heureu­sement, des cher­cheurs tentent au­jourd'hui de faire la lumière sur ce qui entraîne le déclin et la mort de la machine humaine, et non plus seule­ment de comprendre les maladies asso­ciées au vieillissement. La question est désormais lancée : pourquoi vieillit-on?

Directeur du Service de gériatrie du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke, Tamàs Fülöp est également professeur et chercheur au Département de microbiologie et d'infectiologie de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l'UdeS. Il est aussi rattaché au Centre de recherche sur le vieillissement.
Directeur du Service de gériatrie du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke, Tamàs Fülöp est également professeur et chercheur au Département de microbiologie et d'infectiologie de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l'UdeS. Il est aussi rattaché au Centre de recherche sur le vieillissement.

Le Dr Tamàs Fülöp, qui enseigne le vieillissement aux étudiants de première année, affirme qu'il n'y a pas de consensus sur ce sujet. «Il n'existe pas de théorie générale qui rassemble toutes les théories existantes sur le vieillissement.» Le seul point sur lequel tous les chercheurs semblent d'accord est que l'évolution n'a pas jugé bon de nous faire durer plus longtemps une fois que nous avons transmis nos gènes. Nos gènes sont «immortels», puisqu'ils se transmet­tent de génération en géné­ration. En revanche, la survie de l'espèce ne requiert pas celle des individus. Là s'arrête le consensus.